D’une île... à l’autre

Publié le par Gévé

Aujourd’hui, c’est un « double » article consacré au 4 et au 5 mai.

Vous allez me dire que je pourrais les faire en 2 parties, une maintenant et l’autre demain.

C’est vrai, ça collerait mieux à l’éphéméride mais j’ai peur que ça coupe le récit. Et puis, je n’ai pas à me justifier, je fais ce que je veux, après tout c’est mon blog, non ?

 

Bon je commence :

 

Nous sommes le 4 mai 1814.

La veille au soir, la frégate anglaise Undaunted est entrée dans la rade de Portoferraio.

Un canot quitte le navire à destination du rivage de cette magnifique île de l’archipel toscan, située entre corse et Italie, à la croisée des mers Ligure et Tyrrhénienne.

A son bord, la silhouette de l’homme le plus célèbre d’Europe se réfléchit dans les eaux bleues et translucides.

Dans un instant Napoléon Ier va poser le pied sur l’île d’Elbe pour y commencer son exil.napoleon-bonaparte-elbe-ile-exil.jpgPar le traité de Fontainebleau du 11 avril 1814 qui fait suite à son abdication, Napoléon est déchu et condamné à l’exil à l’île d’Elbe sur laquelle il conserve cependant le titre d’empereur.

Sa femme, Marie Louise d’Autriche décide de ne pas le suivre. L’impératrice préfère regagner la cour de Vienne avec leur fils, Napoléon II.

L’empereur ne le sait pas encore mais il ne reverra jamais plus sa femme et son fils.

 

Il faut également ajouter que suite à l’abdication de Napoléon, Louis XVIII, frère cadet de Louis XVI, est appelé sur le trône de France. Le pays vit alors la Restauration.

 

Au risque de me mettre à dos de nombreux amoureux de l’empereur, je dois avouer que jusqu’à cet exil je ne suis pas un grand « fan » de Napoléon. 

Si je reconnais évidemment (et comment faire autrement !) que c’est un des personnages historiques les plus célèbres au monde, que peu d’hommes ont cette incroyable notoriété, cette légende teintée de romantisme que possède ce conquérant qui a bouleversé le monde, je ne peux m’empêcher de penser que cet habile militaire et politicien a tenté d’établir une dictature, un régime autoritaire sur toute l’Europe et que pour y parvenir il n’a pas hésité à conduire plus d’un million de soldats ou de civils à la mort.

Et puis je trouve le personnage un peu fade.

Si on excepte ses représentations picturales qui ne sont que des commandes personnelles destinées à la propagande de sa propre gloire, nous avons peu d’exemples de bravoure ou de vaillance.

Ce n’est pas non plus un grand orateur sauf auprès des hommes de sa grande armée où je dois alors reconnaître que ces paroles ont du « peps » comme son discours  à Austerlitz par exemple :

« Soldats, je suis content de vous…    …Il vous suffira de dire : « j’étais à la bataille d’Austerlitz » pour que l’on vous réponde « Voilà un brave » ».Napoleon_at_Austerlitz.jpg

Enfin, je trouve que Bonaparte est devenu Napoléon Ier grâce, et c’est mon avis, à beaucoup d’opportunisme et à un peu de chance.  

 

En revanche, l’homme qui débarque à Elbe, celui qui a tout perdu y compris sa femme et son fils, l’homme qui a été déchu, brisé, l’homme qui a tenté de se suicider, et bien cet homme-là commence à m’intéresser, à me fasciner et même à me passionner.

Car à partir de ce 4 mai 1814, je découvre chez cet homme le panache, le vrai, sans apparat, sans artifice.

En quelques 300 jours, il réforme et modernise l’île d’Elbe.

Il y construit des routes, des ponts, revoit les plans d’urbanisme, modifie le droit…

Et puis il commence à avoir des fourmis dans les jambes, après tout il n’est qu’à quelques encablures du continent. En plus il apprend la trahison de sa femme.

C’est décidé, il va tenter son « come-back ».

 

A sa mère, Letizia, Napoléon lui confie «  Mère, je retourne en France mais si je me manque, cette fois ci tout sera fichu ».

Celle-ci lui répond : « mon fils, suivez votre destinée ».

Et il la suivra.

Avec ces derniers fidèles grognards, il débarque à Golfe-juan le 1er mars 1815 et commence là l’épopée la plus incroyable de la légende Napoléonienne : les cent jours.golfe-juan.jpg

Napoléon est plus qu’un Aigle, c’est un phénix qui renaît de ses cendres et qui commence à refaire trembler l’Europe entière.

Il traverse la Provence pourtant royaliste où les garnisons une à une se joignent à lui comme en témoigne la scène qui se déroule près de Grenoble le 7 mars :

Devant les soldats royalistes qui lui barrent la route, Napoléon s’avance, ouvre sa redingote et crie : « Soldats ! Reconnaissez votre Empereur. S’il en est qui veut me tuer, me voilà ! »

Et les soldats se rallient à lui !

Napoléon dira ensuite : « Avant Grenoble j’étais un aventurier, à Grenoble je suis redevenu un prince ».

Conséquence, notre « vaillant » Louis XVIII prend peur et part se réfugier en Angleterre et le 19 mars 1815 Napoléon entre dans Paris, 18 jours après avoir débarqué avec quelques hommes à Golfe-Juan !

Chateaubriand, pourtant royaliste écrira : « Cet homme à lui seul a envahi la France ».

 

A partir de là toute l’Europe décide de se coaliser pour stopper Napoléon.

 

S’en suivra Waterloo le 18 juin 1815, la défaite puis l’exil sans retour vers ce caillou perdu en plein atlantique sud qu’est l'île de Sainte-Hélène.

Cette fois ci les ailes de l’Aigle seront trop courtes pour en revenir.napoleon-mort.jpgNapoléon Bonaparte y meurt six ans plus tard, le 5 mai 1821.

 

Chateaubriand, encore lui, dira de l’empereur défunt : « Vivant, il avait manqué le monde. Mort, il le conquiert. »

 

La légende peut alors démarrer.emblem of napoleon bonaparte

 

Publié dans Personnalités

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