Dos de mayo

Publié le par Gévé

Aujourd’hui, je dois faire attention. En abordant la journée du 2 mai 1808 à Madrid, je sais que mes propos vont être particulièrement scrutés par les experts hispanophones de mon entourage. J’ai la pression !goya---dos-de-mayo.jpg

Alors pourquoi ai-je choisi de parler de cette journée d’insurrection madrilène ? Parce qu’elle est tout simplement à l’origine de la guerre d’indépendance d’Espagne, et que cette rébellion fait face à l’occupant français.

 

En ce début de XIX e siècle, l’Espagne est encore une grande puissance et en 1808, la France napoléonienne est à son apogée. L’empire avec ses vassaux s’étend sur presque toute l’Europe continentale : de la Scandinavie à la Sicile et des steppes russes à la péninsule ibérique, excepté le Portugal soutenu par les Anglais.

Napoléon, qui jusqu’à là « occupait » l’Espagne de manière pacifique, décide d’en faire son point de départ pour mieux envahir le voisin portugais. Pour cela, il décide de mettre son frère Joseph sur le trône espagnol.

Ce « coup d’état » ne plait pas du tout à une grande partie du peuple espagnol, et le 2 mai 1808 les madrilènes se rebellent dans la capitale espagnole.

En 24h00, le maréchal Murat écrase l’insurrection dans le sang notamment avec l’aide des mercenaires mamelouks (voir le tableau de Goya, Dos de mayo) puis le lendemain  il fait fusiller tous les rebelles prisonniers (voir le tableau de Goya, Tres de mayo). goya---tres-de-mayo.gif

Fin des révoltes madrilènes…..

 

…. Oui mais ces évènements vont entraîner toute l’Espagne dans la révolution et durant six années, va se dérouler ce que les espagnols nomment « la guerre d’indépendance ».

En 1814, l’Espagne, aidée par l’Angleterre (toujours prompte pour affaiblir Napoléon) en ressort vainqueur et les français sont repoussés de l’autre côté des Pyrénées.

 

Cette guerre sera « le tombeau » de l’empire. Napoléon dira lui-même dans ses mémoires à Sainte-Hélène :

-          « Cette malheureuse guerre d’Espagne a été une véritable plaie, la cause première des malheurs de la France. »

        

Ce ne fut que plus vrai. Avec cet enlisement de six ans en Espagne, Napoléon connaît également plusieurs défaites sur le front de l’est qui conduisent l’empereur à abdiquer une première fois le 11 avril 1814, puis définitivement le 22 juin 1815.

La France reprendra alors son cycle vers  une république démocratique entamé à la révolution de 1789 et qui aboutira définitivement en 1871.

 

Quant à l’Espagne, bien que victorieuse, cette guerre d’indépendance a pour elle des conséquences fâcheuses.

Si elle laisse au peuple un sentiment de fierté, cette guerre, qui eut  également des accents de guerre de civile (une partie des espagnols fut pro-français), a épuisé tout un pays totalement dévasté.

Sa lente reconstruction va faire « rater » à l’Espagne les révolutions agricoles et industrielles qui ont modernisé l’Europe occidentale au XIXe siècle. De plus, ses colonies sud-américaines vont profiter de cette guerre pour s’émanciper et prendre leur indépendance.

 

L'Espagne, cette grande puissance qui domina une partie du monde pendant plus de trois siècles aura finalement dû son déclin à l’un de ses épisodes les plus glorieux de son histoire.

Quelle incroyable ironie du sort !

Publié dans Evènements

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