Entre terreur et vertu

Publié le par Gévé

Arras le 6 mai 1758.

Maître Robespierre, avocat de la cité artésienne, est fier d’annoncer la naissance de son premier enfant : Maximilien Marie Isidore.

Il est bien sûr à mille lieues de se douter que le petit être frêle qu'il tient dans ses bras deviendrait un des personnages les plus célèbres et les plus controversés de l’Histoire de France.robespierre.jpg

Car oui, ce grand acteur de la révolution française – certainement d’ailleurs le plus connu. Si, si, demandez autour de vous de citer comme ça un protagoniste de cette période et vous verrez les réponses : il partage avec Danton le haut de l’affiche en notoriété – ce grand acteur de la Révolution donc, en est de loin le plus impopulaire.

Pourquoi ?

En 1789, l’ « incorruptible », comme il se faisait déjà appelé à l’époque, rêvait d’une société sans classe, abhorrait l’ambition, la quête du pouvoir ou de la gloire.

Il était partisan de la reconnaissance des droits de l’homme, de tous les hommes, en défendant notamment l’abolition de l’esclavage,  en prêchant pour le suffrage universel et pour le droit de vote aux noirs, aux juifs ou encore aux acteurs de théâtre et il souhaitait également l’abolition … de la peine de mort.

Attendez, avec ces idées-là on ne comprend pas bien pourquoi il n’existe aucune statue, ni de rue portant son nom dans Paris.

 

Et bien parce que pour faire passer ses idées, qui à la base, et on ne peut que l’admettre, sont pourtant porteuses d’humanité, cet homme brillant, d’une intelligence supérieure, ce disciple inconditionnel de Rousseau va utiliser « la terreur ». On a connu plus sympa comme outil de propagande !

 

Robespierre était tellement à la recherche de la perfection, il était tellement sûr de ces idées qu’il ne supportait pas qu’on ne puisse penser comme lui.

Et c’est là le danger avec les hommes comme lui : il veut et décide de ce qui est bien pour tous les citoyens…malgré eux !

Mirabeau se méfie d’ailleurs de lui dès 1789. Il dit de Robespierre : « Il ira loin. Il croit tout ce qu’il dit ».

Mais pour Robespierre, ça ne suffit pas, il faut également que tout le monde le croit également. Pour cela il n’hésite pas, avec l’aide de son comité quand il arrive au pouvoir en 1793, à mettre en place une véritable dictature et à utiliser la « Terreur » symbolisée par la guillotine pour supprimer tous les opposants, des enragés (comme Hébert) aux modérés ou indulgents (comme Danton ou Desmoulins).terreur.jpg

Et cet homme, à qui on ne connaît aucun vice, aucune passion amoureuse, se cache derrière la vertu pour expliquer « ses crimes » : « Le ressort du gouvernement populaire en révolution est à la fois la vertu et la terreur : la vertu sans laquelle la terreur est funeste ; la terreur sans laquelle la vertu est impuissante ».

Son indulgence, la clémence qu’il porte aux hommes quand  il établit son programme en 1789 se sont donc transformées, 4 à 5 ans plus tard en rigueur sans pitié pour qui n’adhère pas à une totale obédience aux idées de Maximilien Robespierre.

 

En juillet 1794, des membres de son propre comité (Collot d’Herbois, Billaud-Varenne, Carnot…) se retournent contre Robespierre et l’emmènent en même temps que ses fidèles (Saint Just, Couthon…) sur l’échafaud le 28 juillet 1794 (ou 10 thermidor an II).mort_robespierre.jpg

 

Le danger avec les dictateurs c’est qu’ils pensent faire le bien pour tout le monde. Mais en refusant l’écoute de l’autre, en refusant la confrontation d’idées voire d’idéologie, en appliquant la pensée unique, le pays s’appauvrit, s’affaiblit et surtout ça abaisse et étouffe chaque individu qu’il le compose.

C’est pourquoi j’invite chacun à méditer et à graver au fond de sa mémoire, et on voit bien sûr que cela s'applique à Robespierre et tous ceux de sa trempe, la pensée d’Adolphe Thiers, premier président de la IIIe république qui dit un jour à propos de l’empereur Napoléon III :

 

« Il ne faut jamais livrer la patrie à une seul homme. Qu’importe l’homme, qu’importent les circonstances. »

Publié dans Personnalités

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