« Françaises, Français, Belges, Belges… »

Publié le par Gévé

Aujourd’hui 9 mai 2011, Pierre Desproges aurait eu 72 ans (il est né en 1939, le bougre).

Hélas la maladie (Plus cancéreux que moi, tumeur ! – aimait-il à dire) l’emporta le 18 avril 1988, à l’âge de 49 ans.

Heureusement pour nous, enfin au moins pour moi, son œuvre n’a jamais été aussi vivante.pierre-desproges.jpg

Mais comment rendre hommage au maître incontesté de l’humour noir, acide, caustique, de l’humour grinçant, virulent, corrosif, anticonformiste, de cet humour teinté d’un sens de l’absurde remarquable soutenu par une exceptionnelle aisance littéraire, comment rendre hommage ,disais-je, à cet artiste majeur de la seconde moitié du XXe siècle sans faire preuve de prétention – prétention pouvant être autant maladroite que malvenue – tout en faisant preuve de suffisamment d’ audace pour être apprécié par les défenseurs de la pensée desprogienne.

Je reprends mon souffle, je bois un verre d’eau et je suis à vous.

En 1986, Pierre Desproges anime quotidiennement à la radio sa « chronique de la haine ordinaire » où à travers ses coups de gueule, il fustige les sujets du moment qui l’énervent.

Alors, une fois n’est pas coutume, et en hommage au « monsieur Cyclopède », aujourd’hui j’ai envie de mettre ma modeste et malhabile plume à contribution sur l’état de notre société.

 

Lettre ouverte à Pierre Desproges :

 

Pouf, pouf

 

«  Monsieur Desproges, où que vous soyez, vous avez dû suivre de votre œil cynique l’évolution de notre société. La 3e guerre mondiale ne viendra pas des forces du pacte de Varsovie, le « mur » est tombé, le rideau de fer avec, et la CEE des 12 d’hier est devenue l’Europe des 27 aujourd’hui.

En revanche, en 2011, la connerie et le racisme se portent  toujours très bien, merci.

Avant  c’était vous, génial saltimbanque, qui disiez : « Attention, un suspect pour un flic ce n’est pas forcément un Arabe, ça peut être aussi un nègre. » On comprenait et on riait.

Aujourd’hui, ce sont d’autres saltimbanques placés dans les plus hautes sphères de l’état, qui reprennent vos propos. On ne rit plus.

Vous aviez raison. On peut rire de tout, mais pas avec tout le monde. Et aujourd’hui, c’est de plus en plus difficile de rire de tout.

Alors, je pourrais me dire comme vous, que tant qu’il restera de grands Bordeaux rouges, tant que leur divin nectar rubis continuera de faire jouir nos papilles, le monde sera encore supportable. Mais, aujourd’hui, bien peu de nos compatriotes peuvent se payer une bouteille d’un grand cru bordelais.

Le salaire mensuel d’un ouvrier lorrain ou d’un agriculteur berrichon ne suffirait pas à acheter par exemple un Mouton Rothschild 1988 (n’y voyez aucun cynisme dans le choix du millésime). C’est vous dire la misère des pauvres.

Finalement, dans le fond, peu de choses ont changé par rapport à votre époque : les cons sont toujours aussi cons, les pauvres sont toujours aussi pauvres.

Et pourtant, on a l’impression que c’est de pire en pire.

Mais à ce sujet, j’ai peut-être un début d’explication.

Il y a une chose qui a changé : vous n’êtes plus là.

Et, ça, je peux vous dire que ça manque aujourd’hui. »

 

Etonnant, non ?

 

Publié dans Personnalités

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