« J’emporte avec moi le deuil de la monarchie »*
Les Riquetti, noble et riche famille florentine, quittent la Toscane au XVe siècle pour s’établir en Provence. Trois cents ans plus tard, le 9 mars 1749, nait Honoré Gabriel Riquetti, futur comte de Mirabeau.
Il sera reconnu pour la postérité sous le nom de Mirabeau.
Il est pour moi, l’un des quatre grands acteurs de la révolution française, avec Danton, Marat et Robespierre.
Tous menèrent leur combat différemment à commencer par Mirabeau qui est certainement l’acteur majeur des premières années….mais uniquement des premières années puisqu’il meurt de maladie le 2 avril 1791.
Et justement, la question que je me pose est : Vivrions-nous dans une république si Mirabeau eut été de santé plus robuste ?
En clair, s’il n’était pas mort en 1791, j’ai la conviction que la monarchie aurait été sauvée et que nous serions probablement sous un régime proche de celui des grandes monarchies européennes (Angleterre, Pays bas, Suède..).
Car Mirabeau, s’il combattait le despotisme, n’était pour autant pas opposé à la monarchie.
Il voulait abaisser le pouvoir de l’Eglise et de la religion au sein de la nation.
Acquis aux idées de Montesquieu, il était pour la séparation des pouvoirs avec notamment la création d’une assemblée législative.
Rejeté par la noblesse (il eut une jeunesse très « aventureuse »), il se fait élire député par le tiers-état à Aix en Provence.
Son éloquence fait de lui un très brillant orateur et le peuple est sous le charme de cet homme pourtant fort laid, défiguré par la variole.
Je ne résiste pas au plaisir de relater sa plus brillante apostrophe à l’encontre de Dreux-Brézé, maître des cérémonies du Roi durant les états généraux de Versailles en mai 1789 :
- « Allez dire à ceux qui vous envoient que nous sommes ici par la volonté du peuple et que nous en sortirons que par la force des baïonnettes. »
Lorsqu’il meurt, le chagrin du peuple est immense. Il lui fait de somptueuses funérailles et modifie l’Eglise Sainte Geneviève à Paris pour en faire le « Panthéon » où Mirabeau sera le premier des « grands hommes » à y entrer.
Mais quand en aout 1792, dans les tuileries investies, on trouve la fameuse armoire de fer où Louis XVI gardait ses correspondances, on y voit des lettres de Mirabeau.
Pour payer ses dettes, car il aimait le luxe et les plaisirs, il avait accepté de venir en aide au roi en tant que conseiller. En jouant double jeu, il souhaitait sauver et la révolution et la monarchie tout en espérant secrètement un poste de ministre en cas de succès.
En septembre 1792, accusé de trahison à titre posthume, ces restes sont retirés du Panthéon.
Alors imaginons un instant, s’il était arrivé à sauver Louis XVI, quel destin incroyable Mirabeau aurait il eut !
…. Et surtout quel serait aujourd’hui le visage de la France ?
*dernières paroles de Mirabeau sur son lit de mort.