La Dame de Beauté
Le 9 février 1450, à Jumièges, près de Rouen, Agnès Sorel, 6 jours après avoir accouché de son 4e enfant, meurt suite à un empoisonnement au mercure à l’âge de 28 ans. Accident ? Assassinat ? Nul ne le sait réellement.
La jeunesse et la beauté de celle que Pierre de Brézé nomma la « plus jolie femme du royaume » allèrent rapidement la faire remarquer par le roi de France, Charles VII, qui en fit en 1444, sa maîtresse officielle. Agnès Sorel a 22 ans, le roi en a près de vingt de plus.
Cette belle blonde à la peau laiteuse, sûre de ses charmes, n’hésitait pas à séduire la cour et choquer le clergé en mettant en avant ses avantages, inventant notamment le décolleté –« ouverture de par-devant par lesquelles on voit les tétons » dira le chancelier Jouvenel.
Mais Agnès Sorel ne fut pas seulement « la dame de beauté » de Charles VII (à qui elle donna quatre enfants qu’il légitima). Intelligente, elle fut également bonne conseillère du roi, notamment dans la lutte contre les Anglais.
On dit d’ailleurs que si « le petit roi de Bourges » (surnom péjoratif donné à l’époque à Charles VII qui avait installé sa cour à Bourges pendant que Paris était occupé par les anglais) put reconquérir et consolider son royaume et put mettre fin, victorieusement, à la guerre de cent ans, il le devait en grande partie à 2 femmes brillantes qu’il croisa durant son règne : Jeanne d’Arc et… Agnès Sorel.
Mais si la mort atroce et prématurée de la « pucelle » le laissa indifférent, il fut en revanche inconsolable suite au décès de sa douce maîtresse. Il fit réaliser pour elle deux magnifiques tombeaux de marbre, l’un contenant son cœur à Jumièges, et l’autre, un superbe gisant, contenant son corps à Loches.
Agnès Sorel fut la première maîtresse officielle d’un roi de France, et elle va engendrer, légaliser, si l’on peut dire, une lignée d’autres maîtresses royales jusqu'au règne de Louis XVI, le seul successeur de Charles VII qui n’eut point de maîtresse (Peut-être aurait-il mieux valu pour lui qu’il en eût !).
Ces maîtresses, de la belle ferronnière à la comtesse du Barry en passant par Diane de Poitiers, Gabrielle d’Estrées ou la marquise de Montespan, joueront désormais un rôle important auprès des monarques contribuant à éclipser littéralement les reines qui ne seront considérées par leur royal époux que comme « apporteuse de dot » et génitrice des héritiers du trône.
Bien que ces dernières se vengèrent et se « rattrapèrent » durant les régences, elles n’empêcheront pas les maîtresses d’avoir leur place solidement ancrée dans tous les livres d’Histoires.
Et ça, elles le doivent en partie à « la dame de Beauté ».