La Veuve Noire
Caterina Maria Romola di Lorenzo de Medici naît à Florence le 13 avril 1519. Elle meurt à Blois le 5 janvier 1589 à l’âge de soixante-dix ans.
Plus connue sous le nom de Catherine de Médicis, elle est, avec François Ier, le personnage de l’histoire de France le plus important du XVIe siècle.
C’est certainement, après Marie Antoinette, la reine de France la plus citée en notoriété spontanée. Mais malheureusement pour elle, sa légende et sa réputation, grandement faussée par la période post-revolutionnaire et sous la IIIe république notamment par des écrivains comme Dumas ou Balzac, font d’elle une manipulatrice machiavélique de notre histoire.
Et ne retenir que cela de Catherine de Médicis est injuste.
Car plus encore que François premier, elle a participé à la Renaissance en amenant d’Italie le raffinement qui sera rapidement adopté par la cour(en introduisant par exemple la fourchette ou la glace à table ou encore la manière pour une femme de monter un cheval en amazone…). Elle a donné à l’art ses lettres de noblesses en finançant de nombreuses constructions (palais des Tuileries, château de Chenonceau…) et en devenant mécène et protégeant de nombreux artistes (Ronsard, Montaigne, Clouet…)
Et puis, je crois que c’est surtout la vie qui fut cruelle avec elle. Voyez plutôt :
Orpheline peu après sa naissance, prisonnière à dix ans, elle sera mariée et expatriée en France à quatorze ans.
Bafouée et trompée par son mari (le roi Henri II avec sa maîtresse Diane de Poitiers), elle sera tout de même mère de dix enfants et en verra mourir huit (dont trois en bas âge).
Veuve à quarante ans suite à la mort de son royal époux lors d’un tournoi, elle verra ensuite trois de ces fils se succédaient au trône de France (François II, Charles IX et Henri III).
Malgré ses nombreuses tentatives de réconciliation entre catholiques et protestants (en particulier la paix d’Amboise en 1563), elle assistera au déchirement du royaume durant les nombreuses guerres de religion qui vont entacher le XVI siècle et notamment le massacre de la saint Barthélémy le 24 août 1572, événement tragique dont Catherine sera vraisemblablement l’une des instigatrices et qui pèsera lourd dans l’impopularité de la reine.
Enfin celle qui, sa vie durant, aura tout tenté pour asseoir sa descendance sur l’Europe (mariage de ses filles à la cour d’Angleterre ou d’Espagne, trône de Pologne pour son fils…), connaîtra l’ironie cruelle du sort en assistant, impuissante, au crépuscule de la dynastie des Valois qui s’éteindra avec l’assassinat d’Henri III, sept mois après sa propre mort.
Ajoutons à cela les pires accusations, sans preuves et bien souvent sans fondements, d’empoisonneuse , et vous comprendrez qu’il aura fallu un caractère bien trempé, un sacré tempérament à Catherine de Médicis pour traverser ce XVI siècle tout en maintenant son rôle, son devoir, c’est à dire tout en restant quoi qu’il arrive au service de la monarchie.
Mais, en fait, sous la légende noire teintée de machiavélisme et de despotisme, de son vivant, c’est surtout son statut d’italienne, donc d’« étrangère » qui lui sera reproché. Deux siècles plus tard, on reprochera la même chose à une autrichienne, Marie Antoinette.
Hélas oui, être femme ET étrangère, c’est au moins une tare de trop dans notre si bon royaume de France.