Le fier Sicambre
L’acte fondateur, le mythe des origines de l’identité nationale française selon les historiens est certainement le baptême de Clovis en 498.
Mais l’épisode qui eut lieu le 1er mars 487 symbolise très certainement la préfiguration de cet acte et que tous les petits écoliers sous la IIIe république trouvèrent magnifié dans leur manuel:
Oui, il n’y a sûrement pas d’anecdotes plus célèbres que celle…du Vase de Soissons.
Rapportée par Grégoire de Tours, historien chrétien du Vie siècle, puis popularisée par les grands historiens comme Jules Michelet au XIXe, l’épisode du Vase de Soissons débute en 486.
A la fin du Ve siècle, ce qui reste de la gaule romaine est chrétienne. Clovis, païen et chef du petit royaume franc (grosso modo la Belgique), étend son territoire par des expéditions militaires.
C’est ainsi qu’il bat Syagrius, roi des romains, dans les environs de Soissons et remporte les villes de Paris, Beauvais, Senlis.
Rémi évêque de Reims comprends alors que Clovis peut être le roi dont il a besoin pour l’unification et la protection du peuple. Il entretien donc d’excellentes relations avec le chef Franc, malgré le paganisme de ce dernier.
A cette époque, les guerriers « se payent » en pillant les territoires conquis et notamment les riches églises.
Lorsque la paix est décrétée, Clovis et ses hommes procèdent selon l’usage franc au partage des trésors amassés durant la campagne dans lesquels se trouve un vase liturgique d’une « beauté merveilleuse » que Rémi souhaite récupérer par l’envoi d’un de ses messagers. Clovis souhaite satisfaire l’évêque dont il veut garder bonne alliance.
Il réclame donc, outre sa part, le vase. Tous ces hommes acceptent sauf un guerrier qui lève sa hache et l’abat sur le vase :
« Tu n’auras rien, ô roi, que ce que le sort t’accordera. »
Clovis sous l’affront, maîtrise sa colère, car telle est la loi des francs : le chef est à égalité avec ses hommes pour le partage du butin.
Quelques mois plus tard, le 1er mars 487 donc, alors qu’il s’apprête à repartir en guerre, Clovis passe en revue ses hommes.
C’est alors qu’il reconnaît celui qui l’a humilié. Prétextant le mauvais état de ses armes, il jette à terre la hache du guerrier. Lorsque celui-ci se penche pour la récupérer, Clovis brandit sa propre francisque et l’enfonce dans le crâne de l’impertinent en criant :
« Souviens-toi du vase de Soissons ! »
Cette anecdote met en relief les particularités de la société franque : Le roi n’a tous les pouvoirs, dont celui de vie ou de mort sur ses sujets, qu’en temps de guerre. En temps de paix, il ne dispose d’aucune autorité particulière.
C’est pourquoi Clovis « doit attendre » le temps de guerre débutant le 1er mars (après la trêve hivernale) pour se venger.
Il règlera ce "souci" en se faisant baptiser.
Car par le droit divin qui lui sera ainsi conféré, il détiendra une préséance permanente avec l’appui de l’église sur tous les sujets du royaume jetant ainsi les bases "absolutistes" de la royauté française.