Mille sabords !
Aujourd’hui, je souhaiterai rendre hommage à celui qui m’a donné la passion des voyages grâce à son célèbre reporter. Je veux bien entendu parlé d’Hergé.
Le créateur de Tintin, né Georges Rémi le 22 mai 1907, nous a quitté le 3 mars 1983.
Je ne vais pas faire ici une biographie de sa vie, de toute façon peu passionnante en elle-même, ni même retracer son œuvre en entier car là en revanche on peut y consacrer des livres entiers - et il en existe beaucoup sur le sujet.
Non, j’aimerais simplement tenter de dissiper quelques aspects assez controversés d’Hergé :
On le dépeint souvent : de droite ultra catholique, voire d’extrême droite, raciste, antisémite.
C’est une vision simpliste et erronée de l’ « inventeur » de la bande dessinée.
Ce qu’on peut reprocher à Hergé, c’est d’être né au début du vingtième siècle dans la petite bourgeoisie belge.
A cette époque, on est dans l’âge d’or du colonialisme européen et, dans ce milieu, la majorité des blancs voient les habitants des colonies comme de grands enfants (ou de petits sauvages) qu’il faut éduquer par la religion.
De même, notons également que l’antisémitisme au début du XXe siècle n’a pas la même résonnance qu’après 1945. Rappelons-nous l’affaire Dreyfus en France. La majorité de la population ne porte pas les juifs dans son cœur.
Enfin, la bourgeoisie occidentale, traditionaliste et catholique, a également peur de la contagion communiste qui a vu le jour dans la nouvelle union soviétique.
Le jeune Georges Remi qui a baigné et grandi dans ce milieu, n’a bien entendu pas échappé à la règle.
Mais si Hergé restera toute sa vie un homme de droite (ce qui, admettons-le, n’est pas une si grande tare !), il aura en revanche su évoluer et sortir de ces clichés qui ont accompagné sa jeunesse.
Certes il a « collaboré » au soir, journal tenu par l’occupant allemand durant la guerre, mais sa « collaboration » consista uniquement à la parution des aventures de son héros Tintin permettant ainsi à des milliers de petits belges de pouvoir oublier un peu, le temps de la lecture, les difficultés de la guerre.
Et justement la meilleure réponse, la meilleure défense d’Hergé se trouvera dans son œuvre.
Lisez ou relisez attentivement les aventures de Tintin et vous comprendrez qu’Hergé n’est en rien un fasciste, raciste ou antisémite.
Par l’intermédiaire de son jeune reporter (notez bien les années de création !) :
- Il dénonce l’expropriation des indiens par les blancs américains et leurs compagnies pétrolières (Tintin en Amérique en 1932)
- Il prend fait et cause pour les chinois contre l’envahisseur japonais pourtant soutenu par les puissances occidentales (Le lotus bleu en 1935)
- Il combat le fascisme et évoque un anschluss raté (le sceptre d’Ottokar en 1939)
- Il défend les activistes juifs contre l’occupant anglais en Palestine (première version de Tintin au pays de l’or noir en 1939)
- Il dénonce les méfaits de la guerre froide (l’affaire Tournesol en 1956)
- Il défend la cause tibétaine et le Daï-lama (Tintin au Tibet en 1959)
- Enfin il renvoie dos à dos, en les « mélangeant », révolutionnaires marxistes et superpuissances capitalistes (Tintin et les picaros en 1976)
Et ce ne sont là que les exemples les plus marquants.
Alors Hergé ne fut certes pas un saint homme, mais il ne fut pas non plus le mauvais qu’on a pu voir décrit quelquefois.
Il fut juste un auteur de bandes dessinés, mais un auteur génial, perfectionniste et visionnaire et à ce titre certainement l’un des plus grands artistes du vingtième siècle.