Sacré empereur !

Le 28 janvier 814 disparaît, Charles Ier dit « le Grand » (en latin Carolus Magnus) ou le « le Fort » (en vieil allemand Karl Mann) plus connu sous le nom de Charlemagne. Roi des francs en 768 puis empereur d’occident en 800, ce formidable personnage était de haute taille, avait le visage gai et ouvert avec des yeux vifs et ouverts, un nez aquilin et la barbe fleurie. Le Sage Charlemagne, futur canonisé, créa l’école et l’université et on peut le considérer comme le père de l’Europe car…STOP ! On arrête tout. Aussi plaisantes soient elles, toutes ces « vérités » bien qu’elles furent longtemps apprises aux jeunes écoliers n’ont rien d’historiques. Elles font parties de la légende de Charlemagne (au même titre que son « neveu » Roland).

Charlemagne, bien que grand, ne fut pas un géant. Contrairement aux représentations iconographiques (dont celle ci-dessus), il avait le visage épais et une grosse moustache tombante (car les francs se rasaient le menton). Il a conquis de nombreux territoires non pas avec l’âme fédératrice mais comme tout seigneur du haut moyen âge, pour accroître son domaine et ses richesses sans vraisemblablement se soucier de la postérité.

Quant à l’école, il ne l’a pas « inventée » mais il a tout de même ordonné la création d’une école destinée aux enfants laïcs dans chaque évêché (auparavant seuls les futurs ecclésiastiques  pouvaient étudier).

Il fut bien couronné empereur d’Occident en 800, le jour de noël mais il ressortit de la cérémonie dans une colère démentielle. Car s’il convoitait bien ce titre qu’il négociait avec le pape Léon III (par un consentement mutuel : Le pape voyait en Charlemagne le dernier rempart de la chrétienté en occident, et Charlemagne pouvait utiliser ce prétexte pour accroître ses territoires), il fut pris au dépourvu alors que venu assister à la messe de Noël, Léon III le sacra empereur en lui déposant la couronne sur la tête. En effet, laisser le pape le couronner, c’est admettre qu’il doit son pouvoir et sa légitimité à l’Eglise, et donc que le titre d’empereur est moins puissant que celui de pape (plus de 1000 ans plus tard, Napoléon se souviendra de cela et se sacrera lui-même !)

Enfin le plus célèbre de nos rois carolingiens fut bien canonisé au XIIe siècle (fêté d’ailleurs le 28 janvier) mais par un antipape donc non reconnu au panthéon des saints. Il reste néanmoins en qualité de bienheureux dans notre calendrier.

Qu’ils soient anecdotiques ou réels, la quantité de  faits relatés sur Charlemagne montre de toutes les façons l’importance de l’empereur dans notre histoire. Car au-delà de son demi-siècle de règne (un des plus longs de l’Histoire), son règne « posthume » durera lui (fait unique) plus de 1000 ans! On le trouvera partout (vitraux, épopées, livres, chroniques, poèmes, chansons, pièces de théâtre) et puis pas un souverain de Philippe Auguste à Napoléon, en passant par Saint Louis, Louis XI ou Louis XIV, qui ne se situera par rapport à lui.

C’est dire la place extraordinaire qu’il occupe dans la mémoire collective….

… mais une mémoire qui doit continuer à être entretenue.

C’est pour ça que l’histoire ne doit pas disparaître petit à petit du cursus scolaire comme les réformes récentes peuvent laisser présager. Avec l’exemple de cette figure emblématique qu’est Charlemagne, nous voyons ici l’exemple même de notre passé fondateur, nous touchons l’importance de notre Histoire de ce qu’elle nous apporte, de ce qu’elle nous construit.

« L’histoire est utile non pour y lire le passé, mais pour y lire l’avenir. ».